Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les idées bleues
Derniers commentaires
Archives
10 juin 2011

Ce qui nous empêche

"Contrairement à ce que certains s'imaginent, ce n'est pas si facile d'écrire un roman. Vous vous forcez à vous lever tous les matins, vous avalez des toasts et un café, et vous vous mettez à votre bureau, paré à vous lancer. Mais ce ne sont là que des préliminaires. Il vous faut alors reconstituer ce monde imaginaire et - ce qui est le plus difficile que tout le matin - réveiller vos personnages, qui sont parfois encore plus endormis que vous et aussi butés que des chats. Certains jours, ils refusent de vous rappeler ce qu'ils faisaient la veille ou vont même jusqu'à changer de nom pour vous dérouter. Et j'en passe. Oui, c'est une entreprise qui peut être exaspérante."

Extrait de  L'épouse hollandaise de Eric McCormack

***

J'explique à ma fille qu'elle ne peut pas perpétuellement se cacher derrière ses mauvaises raisons, que son huit en maths ne vient pas de ce qu'elle soit "stressée" ( sic...), ou enfin, pas totalement, disons plutôt que c'est le fait de ne pas avoir appris sa leçon qui rend le contrôle stressant. Le front buté, elle opine pourtant du chef. Je poursuis : "Je ne suis pas en train de te disputer, je t'explique seulement que nos actes ont des conséquences : ok, tu peux dire adieu aux maths dès aujourd'hui ( elle est en cinquième!), mais alors, dis adieu également à cette école prestigieuse dans laquelle tu envisages de t'inscrire. Il y a de la place pour toi dans le lycée de secteur, tu peux poursuivre ta scolarité sans travailler tes maths, mais sache que tu ne feras pas les études que tu envisages. Et tout cela, c'est ton choix. C'est aujourd'hui que tu décides : tu peux continuer de prétendre que c'est le stress, c'est comme tu veux ; mais toi et moi savons bien que c'est le manque de travail."

Se cacher derrière ses mauvaises raisons, c'est tellement facile... Moi-même, qui n'ai pas écrit une ligne ces quinze derniers jours, quelles raisons ai-je invoqué ? C'est vrai, nous avons reçu le correspondant italien de Mister Azur ( un amour de correspondant, le jumeau de Mister Azur, un garçon parfait que nous espérons revoir prochainement) et il a fallu s'organiser. La semaine s'est montrée fatigante. C'est vrai, il y a eu tous ces imprévus, ces choses accumulées qu'il a fallu gérer ( deux rendez-vous déplacés et un planning tout chamboulé ; un rat dans le jardin et dix coups de fil: dur de faire venir une entreprise rapidement, il paraît que c'est la "saison des rongeurs"... ; des changements en cascade dans leur emploi du temps et les corvées de fin d'année "Maman, je commence à dix heures, tu peux m'emmener? Maman, je finis à 15h, tu viens me chercher? Maman, j'ai mon examen de piano, mon examen de solfège, mon concours d'équitation, mon tournoi de tennis, mon copain adoré, un trou dans mon pantalon et mon spectacle c'est ce soir, Maman pour la sortie il faut un sandwich, Mamaaaan!...". C'est vrai. Il y a eu tout cela, et si je me mets à chercher mieux, je suis certaine de trouver plus, encore. Mais sont-ils la vraie raison, ces empêchements à la chaîne?

La vérité, c'est que je n'ai pas travaillé. Pas écrit une seule ligne, et pas eu envie de le faire.

La vérité, c'est que parfois, je m'empêche moi-même.

 

Publicité
Commentaires
L
Cela me donne envie moi aussi de lire Mc Cormack<br /> et le billet me conforte dans ce que je dis aux enfants face à leur choix de s'empêcher ou non.
A
Un très très beau billet. C'est vrai que l'on s'empêche souvent soi-même, pour toutes sortes de raisons. <br /> <br /> (Tu me donnes envie de lire aussi Eric McCormack)
V
Pour les maths, j'aurais presque envie de soutenir Mlle Parme en replongeant dans mes souvenirs d'ado qui n'aimait pas les maths (à moins que ce ne soit l'inverse...)Je pense que le stress devant cette matière qui peut paraître à certains très barbare (une histoire de cerveau, j'ai ma théorie) peut effectivement engendrer quelques blocages. Je le constate aujourd'hui encore avec mes élèves. Bon, d'accord. Elle n'avait peut-être pas appris sa leçon non plus!<br /> <br /> Quant à l'écriture, vaste question (sur laquelle je n'ai aucune théorie d'ailleurs) mais peut-être est-ce normal de passer par des périodes de creux...<br /> <br /> Je me trouve bien indulgente, c'est mon jour de bonté!<br /> <br /> PS: j'aime ton introduction. Cela me rappelle les paroles d'Olivier Adam que je suis allée écouter il y a peu. Il disait à propos de ses personnages qu'au début de sa carrière d'écrivain il essayait de les sauver coûte que coûte, mais qu'il n'y arrivait jamais car les personnages naissent avec leur destin et qu'on en peut rien y faire...
Les idées bleues
Publicité
Publicité