Misanthrope

Avant, j'aimais le cinéma. Quand j'étais jeune, moins jeune, il n'y a pas si longtemps encore, j'aimais le cinéma. C'était une fête, un pur moment de bonheur. Mais que s'est-il passé autour de moi? Ces gens qui arrivent en retard, qui indéfiniment chuchotent ou allument leur téléphone portable pour consulter on se demande bien quoi, qui s'empiffrent à longueur de séance de machins bruyants qu'ils mâchent un temps interminable et qui se moquent ostensiblement de la seule vieille dame de la salle qui ait assez de cran pour leur faire remarquer leur impolitesse, qui viennent pour tout, finalement, pour tout sauf pour ce film... Et moi, j'ai traversé l'orage pour le voir, j'ai traversé deux villes pour rejoindre cette salle, la seule qui affiche "En VO", et j'aurais dû me régaler de ce petit bijou, ce pur moment de fantaisie, de poésie... - Aurez-vous, comme moi, un temps songé à La Rose Pourpre du Caire ? -  Oh, bien sûr, la magie a opéré, je suis une proie facile, mais cela ne m'a pas empêchée de sortir irritée, courroucée comme une vieille fille aigrie par tant de sans-gêne, et je me suis dit : "Ben tant pis, je m'offrirais le DVD et je pourrais le revoir, et sans être gênée, cette fois".

La vérité, c'est que j'aime encore le cinéma. A la folie, souvent. Le cinéma, ce n'est pas le problème. Ce sont les gens que je n'aime plus.

Comments

[Emmanuelle]

je ne mange rien ni ne boit, je ne parle déjà pas beaucoup mais au ciné dès que les ampoules déclinent je deviens silencieuse comme une tombe. Nous pourrions y aller ensemble, qu'en dis-tu ?

[verveine]

Comme je te comprends (soupir)... Et ce film, il est aussi bien qu'on le dit, alors?

[l(ady) Bernadett]

j'aime ce texte passionné sur le cinéma
pur bonheur aussi pour moi
et si je n'ai jamais aimé les gens depuis
que j'ai cinq ans...j'aime certaines personnes
et cela m'est vital