En équilibre
Vite, vite, quelques mots... Je suis tellement embarquée ailleurs... Je n'ai pas assez d'énergie pour écrire sur tous les fronts. Les perpétuelles recherches m'épuisent : des heures et des heures de fouille minutieuse, de lecture, et tout cela pour aboutir à dix petites lignes qui, vraisemblablement, passeront inaperçues... Mais je voyage. Je rencontre. Je me rencontre, aussi. Ce long travail d'écriture m'aide à aller au bout de moi-même et me permet d'affiner mes choix. Le terme approche, j'envisage les huits mois à venir avec un long échéancier en tête, et puis après, la fin. Je me laisse porter par l'idée de l'aboutissement. Je commence à penser que, peut-être, j'en serai capable. Peut-être. Mais depuis quelques mois, après une longue, longue période d'alternance de bas et de hauts - Les terribles A quoi bon?...- , je me mets à y croire. La tâche la plus coriace : ne pas perdre pied dans la réalité. L'écriture envahit tout, noie votre esprit, fait disparaître le quotidien. Je me retrouve concentrée à mille lieues d'ici et j'en perdrais de vue ce qui se trouve sous mon nez. Alors, je m'impose des journées coupées en deux. Le matin, l'écriture, et l'après-midi, les choses de la vraie vie, le tangible, le matériel. Il me faut parfois plus d'une heure pour émerger de mon brouillard, et me battre contre moi pour ne pas me laisser aller à y replonger. Je suis dans la cuisine, je prépare le repas, et tout à coup, mon esprit s'égare... J'en étais où? Il faut sortir, parler, voir du monde, se heurter s'il le faut au monde des vivants pour ne pas justement s'en couper. Rester vivante, malgré l'écriture. Et continuer d'écrire, malgré la vie qui voudrait prendre toute la place et qui si souvent, cherche à nous empêcher. Trouver ma propre façon de tenir sur mes deux jambes, et d'avancer. En perpétuel équilibre.