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16 novembre 2011

En vrac

Ca y est, j'ai repris mon rythme d'hiver et tous les ans, c'est pareil : dès les premiers jours du printemps, j'abandonne les promenades matinales, trop de soleil, trop de lumière, ça me donne mal à la tête cet éclat dans l'oeil, et en bord de mer, aucun moyen de s'abriter, alors je vais marcher le soir, mais le soir, c'est moins sympa, tant de monde, il faut se faufiler entre les poussettes, les rollers, les vélos, les marcheurs lents, les marcheurs rapides, les joggers, et tout ça prend des allures de couloir du métro, Chatelet à 18 heures, les bavards en plus, et la mer sur le côté... Et puis la saison chaude s'éteint, et le froid aidant, ça redevient agréable de sortir le matin. Ce matin, j'ai apprécié mon foulard, mais par dessus, j'ai quand même remonté le col de ma veste, et j'ai presque regretté les gants. Il faudra que j'y pense, la prochaine fois. J'aime bien la Promenade, à huit heures. C'est encore tôt pour les promeneurs et finalement, on croise toujours les mêmes têtes : les mêmes pêcheurs, la même dame âgée qui tous les matins vraisemblablement, enfile les kilomètres à pas rapides - Elle reconnaît ma chienne et désormais, nous nous saluons-, les mêmes sportifs, le même homme au journal qui s'assied sur le même banc, les mêmes, à chaque fois. Au travers de ce paysage, je passe. J'imagine que d'une certaine façon, j'en fais partie, même si je ne m'en aperçois pas.

Le mur de la cuisine est tombé hier matin. Vue sous cet angle, la pièce paraît plus grande, tellement plus lumineuse. Au salon, c'est autre chose: la cuisine sera inaccessible un bon moment, alors il a fallu déplacer le réfrigérateur, le micro-ondes aussi pour avoir au moins de quoi manger un truc surgelé les soirs où on ne pourra pas allumer la plaque de cuisson. Ce camping à demeure, et le bazar qu'il induit, réjouit les enfants. On cherche un peu les choses, on se demande où les poser aussi ( "La baguette de pain, j'en fais quoi?"), mais pour l'instant, c'est encore drôle. On se dit que quand on ne pourra plus du tout cuisiner, on ira au chinois d'à-côté ou qu'on fera des sandwiches. On se dit aussi qu'après, ce sera bien, et qu'on sera contents. On est philosophe avec la poussière, à quoi servirait-il de s'énerver?

Mister Azur se tient à carreau, on lui a parlé de l'internat et je crois qu'il a compris qu'on était sérieux. Je n'espère plus grand-chose du premier trimestre, des résultats moyens-corrects en maths, physique et français, excellents en anglais et italien, abominables en histoire-géo ( le coeur du conflit...), en dents de scie en SVT ( c'est dur, la SVT, hein...). On lui répète des choses dont il se fiche : gâcher son potentiel, dilapider ses chances, l'avenir, la dure réalité... mais ce sont des mots qui flottent, et qui s'envolent... Jusqu'à la menace de l'internat. Je crois que le coup a porté. Deux soirées passées au bureau à faire (enfin!) des fiches en géo, et je me suis aperçue ce matin que le livre que j'avais posé près de son lit ( Les profs de français ne donnent plus de lecture, le croyez-vous? Ce sont les mères, ex-prof de français, qui sont obligées de dire : ça, il faut le lire, ça, tu dois le connaître, ça, c'est fondamental...) avait été ouvert, et plus qu'entamé : La ferme des animaux, d'Orwell. "Lis ça, ça te plaira, après, si tu veux, je t'achèterai 1984 et nous en parlerons... ". Mister Azur, du haut de ses seize ans, est plutôt cultivé, en tout cas en ce qui concerne la littérature et le cinéma - Grosse colère avant hier, quand il avoue n'avoir pas été fichu de citer plus de trois DROM lors du contrôle surprise, avec pour argument: "C'était pas dans la leçon". Et moi de m'énerver : "Mais mon jeune ami, c'est de la culture générale, ça, à seize ans, il y a des choses que l'on sait..." et le soir même, toute la famille s'y colle, chacun cite sa petite anecdote, moi, " Et La Veuve de ST-Pierre, ça se passe où, hein?", et le Capitaine Indigo, et même Melle Parme... Entre la soupe et le fromage, Mister Azur jette l'éponge : Ok, ça va, il aurait dû savoir répondre, il s'en rend compte, il est d'accord... On avance. Ou pas, je n'en sais rien. Parfois, on croit avancer, puis on se retrouve dix jours plus tard à répéter les mêmes mots, dans le même ordre, exactement. On ne sait jamais vraiment où l'on va. Ne pas mésestimer la force de l'entourage, des "copains", et trouver la façon de faire, habilement, le contrepoids.

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