Les grandes manoeuvres

Depuis des semaines, la maison est sens dessus-dessous. Ce qui était en bas se retrouve en haut et inversement ; malgré les précautions des premiers instants, le contenu de tous les placards, tiroirs, armoires, a fini mêlé au beau milieu du salon, et nous, nous dînons au jardin quand le ciel le permet car plus un coin de table n'est disponible pour nous accueillir, même le temps d'un repas. C'est le temps des travaux, et il paraît que cette semaine, c'est le dernier week-end. Pourtant, à considérer notre capharanaüm, on a peine à y croire... On enjambe, on fouille, on cherche, on renonce. On apprend à se passer des objets, sans toutefois perdre de vue l'objectif : après, ce sera mieux. On fractionne les tâches, on garde en tête le calendrier. A l'automne, on s'attaquera à la cuisine. Et quand alors, tout, enfin, sera parfait, net, beau, propre et impeccablement rangé, eh bien on s'empressera de déménager et on se mettra en quête d'une maison imparfaite, aux murs de guingois et au jardin fou, bref, en quête d'une maison qui enfin nous ressemble, raisonnablement désordonnée et capable de s'étirer pour accueillir la Tribu... Mais pour y parvenir, par quoi faut-il donc passer, on se le demande! Le Capitaine Indigo a les mains entaillées. Il va bientôt se mettre à rêver de perceuse visseuse et dévisseuse. Quant à Mister Azur et Melle Parme, trop contents de constater que personne n'a le temps de s'occuper d'eux, ils traînent à peine habillés dans leur chambre et ne sortent que pour dévaliser le congélateur de ses glaces - lequel, fièrement, siège au milieu du salon. Mais bon, c'est le dernier week-end, non?