Jours de pluie

Il pleut. En masse, comme on dirait là-bas, chez nos cousins québécois. Il pleut, et ça ne nous rend pas les choses faciles. Mardi dernier, je suis allée chercher Melle Parme les deux mains accrochées au volant, les yeux rivés sur les trois mètres de route que je parvenais encore à distinguer, entre nuit noire, trombes d'eau et essuie-glace en mode accéléré, le poste de radio branché à fond, histoire de me donner du courage. Les jours de pluie, à l'arrivée en ville, les embouteillages s'accentuent, on doit partir encore plus tôt, et déjà, on accuse la fatigue... Je suis allée en parapharmacie faire provision de fortifiants, de minéraux et de potions magiques : à chacun son remède, du magnésium pour les filles, de la gelée royale pour les garçons... et puis des livres, aussi, car c'est un fait, comme par magie, un nouveau rythme s'est installé, plus personne ne traîne le soir ni ne cherche à s'éterniser devant le poste de télé. Dès 20heures, c'est Melle Parme qui ouvre la danse, ponctuant un baîllement d'un "Bon, ben moi, j'vais lire...", bientôt suivi par Mister Azur qui redécouvre, seuls accessibles dans la pile de cartons ( on ne montera pas la bibliothèque tant que les travaux du salon ne seront pas achevés, c'est à dire dans ... un mois? cinq semaines?), d'anciens volumes de Tanigushi, dévorés, chéris, et aujourd'hui, prêts à être relus... le Capitaine Indigo et moi avons, de notre côté, investi dans les oeuvres d'Harlan Coben, seule lecture qui puisse nous convenir en ce moment où chaque soir, nous commençons par relire les trois dernières pages parcourues la veille, les yeux fermés faut-il croire, puisqu'à la page 200, je me demande encore qui est qui et qui fait quoi dans cette histoire...

Des heures plus douces viendront...  Je me dis que c'est comme ça, et qu'après tout, c'est toujours mieux de débuter par le plus dur. Dans quelques mois, les jours s'allongeront, l'année scolaire touchera à sa fin, on profitera enfin du jardin et de la piscine. On le sait, ça nous permet de patienter. Alors, en attendant, je récure. J'ai finalement réussi à récuperer la pierre blonde de la cage d'escalier qu'on ne distinguait plus, couverte qu'elle était par dix années - au moins- de vieille crasse. Il faudra que je repasse sur les arêtes, qui ne sont pas encore parfaitement nettes, mais enfin, ça n'a plus rien à voir. En bas, nous commençons par les travaux d'isolation : le vieux lambris a été retiré, ainsi que la vieille laine de verre dans laquelle des cables électriques avaient été passés d'une façon, je dirais fantaisiste, pour ne pas être méchante, puisque trois départs de feux ont été constatés lors de ce retrait - Bien nous a pris de décider qu'on ne pouvait pas conserver cette pièce en l'état, et de partir pour une rénovation totale, plutôt que de rafistoler l'existant. Dans trois semaines, tout le bas sera isolé, murs et plafond, un troisième radiateur sera posé, l'électricité sera refaite, et on pourra passer au plus agréable, la pose du carrelage. Je n'aurais jamais cru cela de moi! Si on m'avait dit qu'un jour, je tomberais amoureuse d'une dalle de carrelage... Après un saut chez le fournisseur, notre chef de chantier nous a ramené juste le modèle dont nous rêvions, pas "presque ça", ou un truc approchant, non, l'exacte dalle de carrelage, celle qui ira à la perfection dans cette maison... ( mais Oups, je vois l'heure qui défile : suite de nos aventures de travaux un autre jour...)